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Silence

Pour son nouveau film Silence, Scorsese développe tout un parcours autour de la foi et nous livre une nouvelle fois une oeuvre splendide qui souffre néanmoins de quelques longueurs. 

 

Au XVII° siècle, deux Jésuites, Père Rodrigues et Père Garupe, se rendent au Japon pour retrouver la trace du Père Ferreira. Mais très vite, les deux missionnaires vont devoir faire preuve d'extrême prudence car les chrétiens sont persécutés au Japon. Leur quête se révèle périlleuse et mettra leur foi à l'épreuve. 

 

Scorsese nous présente un film dont la photographie accroche immédiatement le regard. Que ce soit avec les plans d'ensemble sur les paysages exotiques du Japon ou sur des plans moyens, Silence resplendit par ces images. A noter également un très bon travail en ce qui concerne l'esthétique, notamment avec tous les plans où l'on retrouve de la fumée mais aussi le travail sur la lumière. En effet, on peut par exemple remarquer au début du film une lumière claire et chaude qui va éclairer les Pères Rodrigues (Andrew Garfield) et Garupe (Adam Driver) lorsqu'ils arrivent près du Japon. Sur le plan suivant, lorsqu'ils sont plus proches de la terre, la lumière a laissé sa place à l'ombre, aux nuages et à de la bruine, ce qui créé un contraste entre les missionnaires et le lieu où ils vont. 

 

Par ailleurs, le travail sur le son est intéressant, tout comme celui sur le silence. En effet, le titre Silence a des explications multiples et le silence en tant que tel, quand personne, à entendre au sens d'être humain, ne parle. Ces moments où les personnages sont généralement en proie au doute permettent au spectateur d'être au plus proche d'eux et de sentir la même tension que celle qui se trouve chez les personnages. En ce qui concerne les sons, il y a un motif qui se répète à plusieurs moments dans le film, des sons naturels qui nous immergent dans l'action. 

 

Ces moments sont parfois perçus comme si nous étions acteurs de l'action et cela n'est pas tout à fait faux car le point de vue adopté est celui du personnage d'Andrew Garfield, le Père Rodrigues. On suit sa quête, on est à ses côtés lorsqu'il doute ou qu'il se sent perdu, on se retrouve même à sa place par moment grâce à des plans subjectifs soulignés par des panoramiques. De ce fait, on est pris dans l'action et on s'attache à ce personnage. 

 

Néanmoins, le film se positionne d'emblée sur le point de vue de ce personnage et on regrette de ne pas tout connaître du parcours du Père Garupe. En effet, les deux missionnaires se séparent et se retrouvent plus tard dans le film dans un certain contexte qui invite à se questionner sur ce qui est arrivé au Père Garupe. Du coup, le film a droit à quelques longueurs dans le parcours du Père Rodrigues et, c'est là une idée un peu paradoxale mais qui aurait peut-être fonctionné, il aurait peut-être mieux valu ajouter des scènes montrant le parcours du Père Garupe, en plus du film tel qu'il est ou en ôtant quelques minutes dans les dialogues, pour avoir une impression moindre de longueur.

 

Pour ce qui est des dialogues, ce sont eux qui donnent effectivement un effet de longueur, c'est assez marrant de voir que ce sont certains moments de paroles qui donnent cet effet, qui est généralement donné par le silence. 

 

Un des points forts du film est aussi que Scorsese parvient à montrer la violence de manière crue mais sans faire de la violence pour de la violence, il dose parfaitement le degré de violence, celle-ci a une fonction dans l'intrigue et on n'a pas affaire à un film où le sang gicle à tout bout de champ. 

 

Enfin, les performances des acteurs sont impressionnantes et dévoilent une nouvelle facette dans leur jeu. Andrew Garfield (The Amazing Spider-Man, Tu ne tueras point, 99 homes) est excellent dans le rôle du Père Rodrigues, tout comme Adam Driver (Paterson, Star Wars : Le Réveil de la Force, While We're Young). Liam Neeson (trilogie Taken, La liste de Schindler, Love Actually) est un peu plus en retrait mais tout aussi bon tout comme les acteurs japonais Tadanobu Asano, Shinya Tsukamoto ou encore Yoshi Oida. 

 

Silence est un nouveau chef-d'oeuvre du maître Martin Scorsese, qui brille par sa photographie et son jeu d'acteur mais qui, pour paraître moins long aurait pu être...plus long ! Afin d'approfondir la réflexion du spectateur sur certains personnages, notamment sur le Père Garupe. 

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