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Mourir peut attendre

06/10/2021

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Attendu depuis des mois, Mourir peut attendre, 25ème opus de la saga James Bond, devait initialement sortir au printemps 2020 avant d’être repoussé à cause de la pandémie mondiale. Fort heureusement, le long-métrage réalisé par Cary Joji Fukunaga a pu trouver son chemin jusqu’aux salles et est enfin sorti. Mais qui dit nouveau film dit également fin d’une ère car c’est la dernière fois que Daniel Craig endosse le rôle du célèbre espion britannique mais cette fin est-elle à la hauteur ? 

Bond a quitté les services secrets et coule des jours heureux en Jamaïque. Mais sa tranquillité est de courte durée car son vieil ami Felix Leiter de la CIA débarque pour solliciter son aide : il s’agit de sauver un scientifique qui vient d’être kidnappé. Mais la mission se révèle bien plus dangereuse que prévu et Bond se retrouve aux trousses d’un mystérieux ennemi détenant de redoutables armes technologiques.

Autant le dire d’emblée : Mourir peut attendre est un bon, voire un très bon film d’action et d’espionnage. C’est tout simplement le blockbuster que l’on attendait depuis le début de cette pandémie, à savoir un film qui soit tout à la fois divertissant et riche en action mais également en émotions.

Visuellement, ce long-métrage en met plein la vue avec des séquences prenantes avec des affrontements et des poursuites où la mise en scène est particulièrement soignée, avec notamment le choix de plans longs qui permettent de mieux savourer l’action. Les jeux d’ombres et de lumière renforcent l’ambiguïté, l’incertitude qui s’est immiscée chez les personnages dans une histoire où le doute est plus que jamais présent, en particulier chez James Bond.

Le sérieux est donc au rendez-vous dans ce film mais l’humour n’est jamais bien loin et, il est important de le noter, il fonctionne très bien, que ce soit au niveau de certaines répliques ou dans l’attitude des personnages. Il y a un juste dosage de chaque ingrédient – sérieux et comique – qui permet au long-métrage de garder un bon équilibre qui l’évite d’être barbant ou ridicule.  

La musique renforce d’ailleurs le sérieux qui se dégage du film avec des tonalités sombres et mélancoliques qui ne manquent pas de nous faire vibrer. Hans Zimmer signe ici une bonne bande originale qui apparaît toutefois peut inspirée à certains moments avec des thèmes musicaux qui semblent tout droit sortis d'autres films où Zimmer était également à la baguette tels que The Dark Knight ou, et c’est le plus flagrant, Sherlock Holmes : Jeu d’Ombres.

Mais ce délicieux cocktail à savourer sans modération – il est ici question du mélange divertissement / action / émotion et non pas d’un martini au shaker – peut en dérouter certains au vu de sa composition. En effet, bien que le film de Fukunaga regorge de scènes d’action, il repose également en grande partie sur des moments plus calmes où la parole et l’aspect émotionnel priment sur le geste et l’action brute.

Ainsi, c’est un nouveau visage de James Bond qui est proposé au spectateur dans Mourir peut attendre. Plus sensible, plus vulnérable, moins sûr de lui et plus ouvert à la collaboration avec les autres protagonistes, en l’occurrence Nomi et Paloma, respectivement interprétées par les excellentes Lashana Lynch et Ana de Armas, ce James Bond des années 2020 a évolué et se révèle finalement plus humain. Daniel Craig livre une bonne performance en jouant un Bond tout en nuances, ce qui renforce l’attachement à ce personnage.

De plus, s’il y a toujours un attachement à la saga avec l’usage de topoï tels que les gadgets, la voiture ou encore le thème musical principal, il y a une volonté de détachement qui se dégage également de ce long-métrage. Aussi, certaines libertés, si l’on peut s’exprimer ainsi, sont prises, à l’image de l’action qui n’est plus tant que cela au premier plan mais cela se retrouve également au niveau de l’intrigue et des personnages.

En effet, si l’histoire en elle-même n’est pas révolutionnaire, elle reste de très bonne facture et apporte quelques réponses à certaines interrogations amenées par les précédents films de l’ère Craig. Cependant, le traitement des personnages laisse parfois à désirer. S’il est bien dans certains cas (Q, Nomi ou Paloma par exemple), il apparaît plutôt raté pour d’autres (Blofeld). Introduit dans Spectre, cet antagoniste iconique de la saga James Bond incarné par Christoph Waltz est sous-exploité, à tel point qu’on se demande presque pourquoi le personnage est là.

Toutefois, ce choix scénaristique semble justifié par rapport aux thématiques du film. Mourir peut attendre est une œuvre qui évoque le passé et la nostalgie tout en insistant sur l’importance de se détacher du passé pour pouvoir aller de l’avant. De ce fait, le choix de faire de Blofeld un ennemi de seconde zone et de placer Lyutsifer Safin, interprété par un Rami Malek à la fois intrigant et inquiétant, en antagoniste principal de ce 25ème opus représente cette idée, sous-entendant que le grand méchant d’hier est aujourd’hui dépassé. Tout ce qui s'est passé avant est révolu, l'heure est aux changements et aux perspectives.

Même si Mourir peut attendre n’est pas le meilleur film de la saga James Bond ni un film parfait, Cary Joji Fukunaga parvient à clore à merveille le cycle Craig, qui, avouons-le, est l’un des meilleurs de la saga, avec un blockbuster en bonne et due forme où action et émotion sont au rendez-vous. En somme, c’est un véritable film de cinéma alors n’attendez plus et foncez le découvrir en salles.

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