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Moi, Daniel Blake

Palme d'or de la 69ème édition du Festival de Cannes, Ken Loach nous plonge dans la vie d'un homme de 59 ans dans l'Angleterre d'aujourd'hui avec Moi, Daniel Blake. Et la chose que l'on peut dire est que cette récompense est méritée.

 

Daniel Blake est victime d'un accident cardiaque à 59 ans. Il fait alors appel à l'aide sociale mais, alors que ses médecins lui déconseillent fortement de reprendre une activité, il est jugé apte au travail et se trouve dans l'obligation d'en chercher. Daniel Blake va vouloir faire appel de cette décision, qui l'empêche du coup de toucher une allocation, mais la procédure est longue et fastidieuse. En se rendant au pôle emploi britannique, il rencontre Katie, une mère vivant seule avec ses deux enfants. Daniel et Katie vont alors s'entraider. 

 

La force de Moi, Daniel Blake réside en partie dans ses deux acteurs principaux qui livrent ici une performance magistrale. Dave Johns joue brillamment ce Daniel Blake, cet homme qui ne va rien lâcher et tout faire pour pouvoir toucher son allocation. La volonté de ce personnage est telle qu'on a envie de l'acclamer dans l'une des scènes de la fin du film, où il se trouve lui-même applaudit pour le geste qu'il vient de faire. Katie est quant à elle jouée par l'actrice Hayley Squires, qui livre une performance incroyable en mère de famille bienveillante envers ses enfants mais dont la santé physique et mentale, privée d'éléments essentiels, risque à tout moment de chuter. 

 

Le fait que Loach garde toujours la caméra proche du personnage principal, avec une faible profondeur de champ qui empêche notre regard de s'éloigner fait qu'on devient de plus en plus intime avec lui, on a la sensation d'entrer petit à petit dans sa vie et de vivre ce périple avec lui. 

 

Il y aussi un choix au niveau du cadrage qui rend le film un peu comme un miroir, il y a notamment un plan où Daniel se lève d'un bureau au pôle emploi, la caméra le suit avec un panoramique et, quelques scènes plus tard, on retrouve le même plan mais en miroir. Ce motif est repris à d'autres moments du film et en cela, on peut voir qu'avec ce film, Loach cherche à réfléchir une image de la société actuelle et qu'il s'agit là d'un miroir nécessaire pour prendre conscience de ce qu'il se passe. 

 

Ce qui fait le charme du film, ce sont ces moments où Loach, au lieu de toujours garder une ligne grave tout au long du film, prend un peu de recul et offre des scènes plus légères où un sourire s'esquisse sur le visage du spectateur car, comme dans la vie, il vaut mieux parfois sourire de certaines situations que de les prendre toujours trop au sérieux. On peut ici penser à la scène où Daniel Blake assiste à une sorte de cours sur le CV, à la première scène du film, avec le dialogue entre Blake et la femme qui lui demande s'il sait faire tel ou tel geste ou encore lorsque Blake appelle le centre d'aide sociale et que les interlocuteurs sont occupés pour le moment. 

 

Néanmoins, le fond de Moi, Daniel Blake est sérieux et Loach dévoile ici un élément peu connu du quotidien, auquel on ne prête pas attention et qui pourtant à une grande importance sur la vie de dizaines voire de centaines de personnes, à l'image de la séquence où Daniel et Katie se rendent à la banque alimentaire, où la file d'attente est très longue. 

 

La dernière scène est l'une des plus dures et éprouvantes du film. Le poids des mots énoncés par Katie retentit encore dans l'esprit du spectateur à la sortie de la salle et c'est une scène qui ne laisse pas de marbre. Le fondu en noir qui clôt le film, sans musique, nous laisse méditer sur ce qu'il vient d'être dit et accentue la force du film qui vient de nous être montré. 

 

Moi, Daniel Blake est un film brillant et puissant du fait de ces acteurs irréprochables et de la réalisation de Loach. Du grand cinéma qui fait de Moi, Daniel Blake un chef-d'oeuvre. 

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