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Rencontre avec Lorcan Finnegan, réalisateur de Vivarium

03/03/2020

Le réalisateur Lorcan Finnegan était présent cette année au Festival International du Film Fantastique de Gérardmer pour présenter Vivarium, son deuxième long-métrage et nous avons pu nous entretenir avec lui. 

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Dans votre court-métrage Foxes, l'action se déroulait déjà dans un quartier avec des maisons qui paraissent toutes identiques. Est-ce que c’est quelque chose de commun en Irlande ? Pourquoi choisir un tel décor ?

En effet. J’avais déjà exploité cet aspect dans mon premier court Defaced. Foxes est une critique de la publicité et des agences immobilières qui ont incité les gens à acheter un bien pour relancer l'économie, alors que les biens avaient des prix élevés. Des lotissements ont donc été construits, au milieu de nulle part, avec des maisons qui se ressemblent. Puis il y a eu la crise et ces lieux sont devenus des domaines fantômes, à moitié construits et composé de quelques habitants pour une centaine de maisons, avec un accès difficile aux commodités les plus basiques et sans possibilité de créer une communauté. Foxes est une réaction vis-à-vis de ça et j'ai eu envie d'explorer encore plus les thèmes qui émergent dans ce court-métrage. Je voulais notamment développer ces questions du contrat social et de la société de consommation dans un long-métrage s'inscrivant dans la science-fiction, avec un monstre des temps modernes : une agence immobilière. 

Pourquoi préférez-vous faire des films psychologiques ?

C’est un goût personnel, j’ai toujours préféré ce genre de film. L’anxiété et l’aspect psychologique fonctionnent plus longtemps. Si vous voulez que les gens se souviennent de votre film, il vaut mieux faire ça plutôt qu’un film avec des scènes qui vous font sursauter sur le coup mais que vous oubliez au bout de quelques heures.

Plusieurs films de la compétition se passent dans des lieux familiers comme des maisons ou des appartement, des lieux normalement sécurisants mais qui ne le sont pas ici…

J'ai vu The Room et j'ai remarqué des similitudes. Je pense que 1BR : The Apartment est dans le même esprit même si je ne l'ai pas vu. Cela me rappelle Fred et Rosemary West qui ont commis plusieurs assassinats en banlieue sans que personne ne soupçonne rien alors qu'il y avait des corps dans le jardin... Je pense que dès qu'on se retrouve dans un lieu un peu à l'écart, dans un lotissement où tout se ressemblent, les gens sont de plus en plus bizarres

Vivarium est un film très sombre mais il y a également beaucoup d'humour. Est-ce que c'est pour aider à mieux appréhender la noirceur du film? 

 

Oui, c'est un peu la mise en image de cette sorte d'humour noir qui caractérise la vie. La comédie et l'horreur s'accordent bien et le fait de les mélanger permet d'ailleurs de déstabiliser encore plus le spectateur. Le mélange de ces genres est aussi un moyen d'effectuer une transition entre le monde réel et Yonder, le lotissement dans lequel les personnages se retrouvent piégés. 

La fin heureuse était-elle exclue d'office ? 

Oui. On a discuté, on s'est dit que le cycle pourrait être brisé à un moment donné mais je ne voulais pas que cela arrive. Il fallait qu'il continue car cela correspond à la réalité, la vie est composée de cycles. Vous savez, c'est comme les guerres : elles se produisent, les gens en parlent puis oublient et ça recommence. 

Du coup, est-ce que vous pensez que la vie se résume à ce qui écrit sur le carton : "élevez l'enfant et soyez libérés" ?

Bien sûr, en tout cas du point de vue biologique [Rires]. Mais vous savez, Vivarium n’est pas un film philosophique sur la vie, il ne faut pas le prendre au pied de la lettre mais pour moi, c’est une représentation de ce qu'est la vie au fond.

Que ce soit dans Foxes ou Vivarium, vous mettez en scène des personnages qui se prennent pour des animaux. Avez-vous une volonté de parler de la nature humaine et de la part animale que nous avons en nous ?

 

Oui, l'un des sujets de Foxes est justement la nature qui réclame sa place. Dans Vivarium, je voulais mettre en évidence l'absence de nature : tout est artificiel, tout arrive dans des cartons et il n'y a pas de contact entre les gens. C'est ce qu'il se passe dans nos sociétés consuméristes. Vivarium aurait dû être mon premier film mais il a mis du temps à être financé. Entre temps, j’ai donc fait Without Name, qui explore folklore et des fées de la mythologie irlandaise, dans lequel il est question de la nature et du besoin qu'à l'homme de se reconnecter au monde naturel. 

Avez- vous des  projets ?

Oui, on vient de finir le scénario, qui était en développement depuis trois ans. Ça s’appelle Nocebo et c'est à propos de la "fast fashion", cette mode qui se caractérisent par le côté très éphémère des vêtements, de l'exploitation de l'Orient par l'Occident et de designers et de modèles qui sont liés les uns aux autres. Ce sera un thriller surnaturel.

Y a-t-il d’autres genres que vous aimeriez explorer ?

J'aime beaucoup les thrillers. Là, on travaille aussi sur un film qui s'appelle Goliath et qui s'apparente plutôt une fable politique. La fantasy et le fantastique sont aussi des genres qui m'intéressent. 

Et un genre que vous ne ferez jamais ?

Même si j'apprécie ce genre de films, je ne me vois pas faire des films dramatiques sociaux très réalistes, je préfère quand c’est en dehors de la réalité et de la logique. 

Propos recueillis à l’occasion de la 27ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer. Un grand merci à Zvi David FAJOL de Mensch Agency pour l’organisation de cette rencontre.

Vivarium sortira le 11 mars prochain. Vous pouvez découvrir ou redécouvrir la bande-annonce ci-dessous : 

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