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Enfant 44

Le dernier film de Daniel Espinosa nous plonge au cœur de l’Union Soviétique des années 1950 où un tueur s’attaque à des enfants. Toutefois, pour reprendre les mots des affiches du film, «Dans le paradis soviétique, les meurtriers n’existent pas », ce qui permet au réalisateur de nous livrer une double chasse à l’homme : la traque du meurtrier et celle de Léo Dimitov (Tom Hardy), par les autorités.

 

A Moscou, en 1952, Léo Dimitov, un agent de police décide d’enquêter sur la mort d’un enfant classée comme accident. Adhérant au parti, il refuse dans un premier temps l’idée du meurtre mais lorsque d’autres accidents similaires arrivent à d’autres enfants, Léo se met à douter. Il est alors soupçonné de trahison et est envoyé en exil mais, avec sa femme Raïssa, ils vont mener l’enquête et trouver ce tueur afin de prouver que le meurtre existe tout de même dans le ‘parfait Etat Communiste’.

 

Enfant 44 est un film sombre dans le fond comme dans la forme. Les couleurs sont assez ternes et désaturées, ce qui donne au tout un ensemble plutôt froid : les scènes en extérieur se rapprochent souvent des tons gris, il n’y a pas vraiment de chaleur dans ce pays soi-disant paradisiaque. Il y a aussi un jeu de lumière dans la mise en scène, notamment dans lors du dialogue entre Léo et le Major Kuzmin (Vincent Cassel) où l’utilisation d’un éclairage de profil permet de mettre en évidence le fond des personnages par rapport à l’espace où ils se trouvent : l’arrière-plan sur les plans avec Tom Hardy est sombre, il représente la menace, mais on le voit sur d’autres plans, de ¾ face ou  de profil, avec la lumière qui éclaire son visage et c’est l’inverse qui se produit avec Vincent Cassel. Ce choix incite le spectateur à se poser des questions et à se demander qui représente vraiment une menace dans le film. En effet, l’idée est de donner une image plus réaliste de l’URSS que ce que l’on veut faire croire et le réalisateur nous livre une réalité dure qui peut nous déranger (ce qui lui a par ailleurs valu d’être interdit en Russie).

 

Le film possède quelques longueurs qui auraient pu être diminuées avec l’utilisation d’une bande sonore autre que les dialogues ou les bruits des mouvements des personnages. On aimerait un peu plus de rythme, avec différents thèmes musicaux qui auraient pu être associés à un personnage ou à un motif (les soldats ou l’armée par exemple). Cela aurait donné une  autre perception du film et aurait permis d’augmenter l’intensité dramatique.

 

Le montage est assez intéressant au début. On a un rythme lorsque Léo recherche le vétérinaire et que nous, spectateurs, on sait où il est grâce à un montage parallèle qui permet de ressentir plus d’émotions et ça aurait été bien de retrouver ce type de montage à d’autres moments, surtout avec les différentes traques. Celle du meurtrier, en montage parallèle cette fois, est bien aussi, la tension monte petit à petit et permet au spectateur de ‘savourer’ l’action. Le montage est assez ‘simple’ dans le reste du film et il aurait été plus rythmé avec un fond sonore, qui se serait amplifié dans certains champs-contre/champs par exemple.

 

L’histoire pourrait être bien si elle était moins confuse. On n’arrive pas à cerner parfaitement les personnages au début, surtout avec la recherche du vétérinaire : on ne comprend pas trop ce qu’il se passe et si cela influe sur le reste du film. Il aurait peut-être fallu que le film dure plus longtemps, pour que chaque élément narratif soit exploité clairement, sans pour autant tout expliquer bien entendu mais pour éviter que le spectateur s’arrête en cours de route et sorte du film. Si la durée avait été plus longue, pour reprendre un élément cité précédemment, il aurait fallu un peu plus de rythme.

 

Les têtes d’affiches donnent envie d’aller voir Enfant 44 mais certaines sont réduites à un rôle minimaliste : Jason Clarke, que l’on a pu voir dans La planète des singes : l’Affrontement, a son nom sur l’affiche alors qu’il est présent seulement au début du film avec un personnage dont on ne sait pas vraiment l’utilité (Généralement, ce sont les noms des acteurs des personnages principaux que l’on voit sur l’affiche). Gary Oldman est présent à peu de moments lui aussi et c’est dommage car c’est un acteur que l’on apprécie, tout comme Charles Dance, que l’on voit à quelques minutes de la fin. Tom Hardy, quand à lui, rempli bien son rôle mais un acteur russe aurait donné un peu plus d’authenticité à l’histoire. Il y a donc une certaine déception au niveau des acteurs, qui, pour certains, aurait mérité plus de temps à l’écran.

 

 

Daniel Espinosa veut nous raconter l’histoire d’un meurtrier d’enfant en URSS en adaptant le roman éponyme de Tom Rob Smith, pourquoi pas, mais son film aurait pu être amélioré sur certains points, notamment sur le scénario et la musique. Enfant 44 est donc un film, dans le fond, intéressant mais qui dérange et qui n’arrive pas à satisfaire toutes les attentes du spectateur.

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