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Dumbo
04/04/2019
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La mode étant à l'adaptation en live-action des grands classiques Disney, Dumbo ne pouvait pas y échapper et c'est à Tim Burton qu'est revenue la lourde tâche de porter à nouveau à l'écran les aventures de l'éléphanteau volant. Malheureusement, et on pouvait s'y attendre, Dumbo a du mal à prendre son envol.

 

Dans le cirque des frères Medici, une éléphante met au monde un éléphanteau aux grandes oreilles. Holt Farrier auparavant cavalier dans la troupe du cirque, est chargé de s'occuper des deux pachydermes. Les enfants de Holt se prennent d'affection pour l'éléphanteau et découvrent vite qu'il a un talent extraordinaire : il peut voler, un talent qui va attirer l’œil de M. Vandevere, entrepreneur et propriétaire du parc Dreamland.

 

L'atout de Dumbo réside dans son casting, avec notamment des habitués du réalisateur mais aussi un petit nouveau. Michael Keaton et Dany DeVito se retrouvent dans un film de Burton 27 ans après Batman : Le Défi. Keaton est très bien en magnat de l’Entertainment, parvenant à rendre son personnage délicieusement détestable quant à DeVito, on ne peut s'empêcher de voir un parallèle avec Big Fish où il jouait aussi un directeur de cirque, les personnages ne sont d'ailleurs pas si éloignés et loufoques chacun à sa manière. Eva Green, « la reine des étoiles » étincelle et ses répliques en français sont savoureuses.

 

Colin Farrell est donc le petit nouveau et on aimerait beaucoup le voir collaborer avec Burton sur d'autres projets. Son personnage de père de famille qui cherche à retrouver sa place, que ce soit dans la troupe qui a évolué en son absence ou avec ses enfants, en quête d'une figure parentale qui les comprenne et soit un modèle car, depuis la mort de leur mère, ils sont seuls. C'est d'ailleurs probablement cela qui va les rapprocher de Dumbo,

 

En effet, celui-ci, Holt et ses enfants sont des êtres seuls, en quelque sorte en marge et c'est ainsi qu'ils vont parvenir à se comprendre. On retrouve là une thématique chère à Burton, à savoir l'être différent qui se retrouve en dehors de la société du fait qu'il n'est pas dans ce qu'on nomme la normalité. Ces personnages en sont l'exemple : Dumbo a des grandes oreilles, Holt n'a plus qu'un bras, Milly veut devenir scientifique. Seul Joe, le fils, semble être à peu près normal, c'est également pour ça qu'on ne comprend pas bien son utilité et il aurait pu être évacué au profit d'une mise en avant du personnage de la jeune fille.

 

On retrouve aussi d'autres éléments burtoniens, notamment dans les véhicules et les décors, avec des machines qui semblent former des êtres comme la locomotive du début ou l'île aux cauchemars de Dreamland par exemple. Et c'est à peu près tout. On sent qu'il y a une part de Burton derrière le film, d’autant plus que c’est Danny Elfman, compositeur fétiche du réalisateur, qui signe une belle bande originale, mais Burton a l'air brimé par un cahier des charges et il ne peut pas pleinement s'exprimer, ce qui donne un film en demi-teinte. Cela passe par des effets spéciaux réussis mais des effets visuels (CGI) qui le sont moins ainsi que par la tonalité du film, avec quelques moments sombres et tristes, telle que la scène de la séparation de Dumbo et de sa mère et des scènes plus légères, plus grand spectacle, qui rappellent qu'on est dans une production Disney.

 

C’est d’ailleurs cela qui peut surprendre car Dumbo effectue une véritable critique envers les grosses entreprises qui détruisent les plus petites sociétés et leur monopole. Plus spécifiquement, c’est Disney qui est critiqué : il est impossible de ne pas voir d’étranges similitudes entre les parcs Disneyland et le parc fictif de Dreamland. Le film se veut aussi très moralisateur sur la place des animaux dans les cirques et tire un peu trop sur le fil avec un happy-end poussif qui peine à convaincre.

 

Dumbo est un film correct mais qui ne parvient pas à pleinement nous emporter dans cet univers qui n’arrive pas à s’affirmer et qui oscille entre deux tendances. Les nostalgiques regretteront probablement le film d’animation et cette adaptation permet une nouvelle fois de se demander s’il ne vaudrait mieux pas laisser les classiques tranquilles et plutôt se tourner vers des histoires originales.

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