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Artemis Fowl

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Prévu pour août 2019, repoussé en 2020, Artemis Fowl, l'adaptation de la saga littéraire d'Eoin Colfer, est finalement sorti sur la plateforme de streaming Disney+. Si le film a des atouts pour enchanter un jeune public, la magie a malheureusement du mal à fonctionner sur les adultes. 

Descendant d’une longue lignée de génies du mal, le jeune et richissime Artemis Fowl – 12 ans et déjà doté d’une intelligence hors du commun – se lance à la recherche de son père mystérieusement disparu, aidé de Butler, son fidèle garde du corps. La piste l’amène à découvrir une civilisation souterraine très ancienne et très avancée, le Peuple des Fées. Pour Artemis, il ne fait aucun doute que ce monde secret est lié à la disparition de son père. Pour le retrouver, il met au point un plan aussi astucieux que risqué, où intelligence et vivacité d’esprit rivalisent, afin d’affronter ces mystérieuses et puissantes créatures…

Sur le papier, le film de Kenneth Branagh a tout pour enthousiasmer : un univers magique avec comme personnage principal un jeune antihéros qui s'appuie sur une saga littéraire qui a connu du succès et qui apporterait un nouveau souffle à ce genre de film. 

Toutefois, Artemis Fowl ne parvient pas emporter le spectateur d'une part à cause de son scénario. L'histoire suit un schéma narratif classique, utilisant les principaux ressorts propres à un film fantastique pour la jeunesse ainsi que des personnages archétypaux. Il y a un manque d'émotions certain, d'autant plus qu'il n'y a pas de prise de risques quant au destin de certains personnages, et la relation père-fils, qui semble être l'un des piliers de l'histoire, est sous-exploitée ici. 

Il est d'ailleurs difficile de s'attacher aux différents personnages, le seul qui parvienne à intéresser un tant soit peu le spectateur est Opal Koboi, l'antagoniste. Artemis est trop sympathique au vu de ce qu'il est censé être et même si l'interprétation de Ferdia Shaw est bonne, il ne joue pas assez sur l'ambiguïté de son personnage qui, normalement, n'est pas un héros mais bien un antihéros, tout comme son père, Artemis Fowl Sr joué par un Colin Farrell trop peu présent à l'écran. De son côté, Josh Gad en fait trop en Mulch Diggums, avec des actions qui arracheront peut-être un sourire aux plus jeunes.

En regardant ce film, on ressent une forte influence de ce qu'on pourrait appeler "la féerie barriesque" dans la mesure où les allusions aux fées reprennent plusieurs éléments présents dans Peter et Wendy de James Matthew Barrie, notamment cette réplique : "clap your hands if you believe", "frappez dans vos mains si vous croyez". Cela s'associe à l'idée du pouvoir de l'imagination et de la force d'une croyance en un univers magique, un topos récurrent dans les fictions Disney.

 

Si ces références peuvent être plaisantes et semblent en accord avec l'esprit du film, elles contribuent toutefois à enfermer le récit dans un genre encore trop enfantin et gentillet. Chez Barrie les fées ne sont pas des êtres toujours sympathiques et dans Artemis Fowl il y aussi l'idée de personnages féeriques qui ne sont pas des créatures aussi plaisantes que dans les contes et légendes. Cependant, cette dimension sombre n'est pas assez exploitée et le spectateur reste sur sa faim devant ce film finalement trop "young" et pas assez "adult". 

Le film de Kenneth Branagh a tout de même quelques points positifs. La réalisation est relativement simple et efficace mais elle possède quelques fulgurances, notamment dans la séquence de combat au manoir des Fowl où quelques mouvements de caméras intéressants donnent du dynamisme et plongent le spectateur dans l'action.

 

Qui plus est, Patrick Doyle, compositeur fétiche de Kenneth Branagh, nous offre une bande originale entraînante aux accents folkloriques qui fait voyager le spectateur dans les terres irlandaises et qui apporte un semblant d'intensité aux différentes scènes.

 

Le lancement d'un nouvel univers magique ancré dans la culture de jeunesse est un pari osé à l'heure actuelle, surtout lorsque l'on voit certaines sagas ou univers qui ne sont pas parvenus à faire plus qu'un premier opus.

 

Artemis Fowl n'est pas un mauvais film, c'est un divertissement sympathique pour un certain public qui manque d'audace et d'ingéniosité pour convaincre un plus large public mais il serait tout de même dommage qu'il n'y ait pas de suite au vu de la fin. "Time to believe", il est temps d'y croire comme l'écrit Artemis Fowl Sr et le spectateur n'en demande pas moins mais il faudra une suite inventive et plus mature pour assurer la pérennité de la saga. 

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